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18 Janvier 2016

Ventriloque. Odile la Bretonne a du bagout 

S’inspirer de la vie et du caractère de sa mère pour donner naissance à une marionnette, c’est le pari osé de David Eldé pour épater la galerie. Et ça marche. Les fans d’Odile la Bretonne se comptent déjà par milliers. La maman de David en sourit... ​
 
 

Odile, 87 ans, est en passe de voler la vedette aux Bigoudènes de Tipiak. La coiffe bien vissée sur la tête, elle a créé, en juin dernier, sa propre page Facebook. Le compteur affiche déjà plus de 4.300 fans. Parmi eux de nombreux Bretons exilés qui trouvent en Odile l’incarnation de l’archétype bigouden. Car Odile a un sacré tempérament et du bagout. Pas question de la contrarier. Même son propre fils, Robert Guettanache, ne s’y aventure pas. Terrain miné.

Pourtant, lorsqu’elle se produit quelque part, Odile la Bigoudène suscite aussitôt la sympathie. On lui parle et on a envie de la prendre dans ses bras. Mais elle ne quitte jamais ceux de son créateur, David Eldé, ventriloque.

 

Du sur-mesure

 

Ce Gabéricois s’est librement inspiré de son histoire personnelle pour créer le personnage d’Odile.

« Ma mère est d’origine espagnole. Elle a un fort tempérament et un accent prononcé. Elle s’appelle Otilia, Odile en français. Je me suis dit que ce serait marrant de créer un personnage qui lui ressemble ». Ainsi est née Odile la Bretonne, « quelque part en Bigoudénie », il y a trois ans. La dame est coquette. Ses vêtements sont fabriqués sur-mesure. Mar plij.

Gérant d’une entreprise de publicité pour des radios, David Eldé est devenu ventriloque un peu par hasard. « Je m’étais amusé à le faire au cours d’un repas de famille. À l’époque, je faisais de la radio. C’est parti comme ça. J’ai beaucoup travaillé pour parvenir à parler sans remuer les lèvres ».

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« Ventriloque, c’était devenu ringard. Mais Jeff Panacloc est venu renouveler le genre ». 

David Eldé

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Sa première partenaire fut Pupette, un joli putois un peu sarcastique. C’est son créateur qui la décrit le mieux : « Pupette, elle est toute mimi. Mais elle peut avoir parfois des paroles qui blessent. Elle dit la vérité sans faille et dit tout haut ce que les autres pensent tout bas ».

 

La conférencière est une marionnette

 

C’est elle qui fut pourtant sollicitée par l’hôpital Guillaume-Régnier de Rennes pour venir animer une formation de sensibilisation au handicap auprès du personnel. « Elle est intervenue une fois par mois durant six mois, raconte David Eldé. Une marionnette, ça permet de dire plus de choses. Le message passe mieux. On peut casser des barrières ». Aujourd’hui, Pupette lance des devinettes tous les jours sur une dizaine de radios en France et en Belgique.

Odile n’intervient pas encore sur les ondes. Elle préfère se donner en spectacle. Mais depuis peu, elle a perdu sa partenaire, Soaz, avec qui elle aimait tant « flapper ». « Soaz était interprétée par Marie-Françoise Castric, une conteuse d’histoires qui est récemment décédée », se désole le Gabéricois, mainte- nant à la recherche d’une nouvelle parte- naire pour donner la réplique à Odile. Car il faut avoir du répondant face à la Bigoudène. De temps à autre, David Eldé se travestit en Robert Guettanache. « C’est un vieux garçon qui veut devenir chanteur. Il a un peu mal tourné ». Il n’en dira pas plus.

 

Odile fait son festival

 

David Eldé est à l’opposé des personnages qu’il incarne. Il reconnaît volontiers une certaine timidité. « Quand j’étais plus jeune, je me cachais derrière un micro. Aujourd’hui, c’est derrière une marionnette ». Avec Odile, qui n’a pas sa langue dans sa poche, il se permet toutes les audaces. « Elle a son caractère. Elle aime bien les sous et les jolis garçons ». Elle leur fait même des avances, sans vergogne.

« C’est aussi une vraie pipelette. Des fois, quand elle me parle vite, j’ai l’impression qu’elle est vraie. C’est comme s’il y avait un dédoublement de la personnalité. Mais elle me tutoie alors que je la vouvoie ».

Mais ce qu’il aime le plus, c’est déambuler avec sa marionnette parmi les gens et pouvoir leur dire un mot à chacun. Il a d’ailleurs en projet de venir cet été à la rencontre des touristes pendant le Festival de Cornouaille. « Ce que veulent voir les touristes, c’est une coiffe de Bigoudène ! », assure-t-il. Alors à défaut de rencontrer de vraies Bigoudènes dans la capitale du Pays glazik, Odile les incar- nera avec malice et bonne humeur. Car ce qu’elle aime le plus finalement, c’est de faire rire autour d’elle. Donner du goût, gast !

 

Cathy Tymen

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